« Le tahitien, c’est pour dire bonjour et au revoir » : paroles d’enfants sur une langue autochtone en sursis
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Published:2016-10-04
Issue:25
Volume:
Page:
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ISSN:1708-6310
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Container-title:Enfance et famille autochtones
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language:
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Short-container-title:efg
Author:
Marie Salaün 1, Jacques Vernaudon 2, Mirose Paia 3
Affiliation:
1. Professeure, Centre d’anthropologie culturelle (CANTHEL), Université Paris Descartes (France), marie.salaun@parisdescartes.fr 2. Maître de conférences, Équipe « Sociétés traditionnelles et contemporaines en Océanie » (EASTCO), Université de la Polynésie française (France), jacques.vernaudon@upf.pf 3. Maîtresse de conférences, Équipe « Sociétés traditionnelles et contemporaines en Océanie » (EASTCO), Université de la Polynésie française (France), miroslava.paia@upf.pf
Abstract
Tahiti est l’île principale d’un archipel du Pacifique Sud, la Polynésie française, lié, sous des statuts divers depuis 1842, à une République française éloignée de 16 000 kilomètres. S’ils n’ont donc pas été minorisés démographiquement, ni spoliés de leurs terres, dans les proportions que l’on connaît ailleurs, en Amérique et dans le Pacifique, les Tahitiens (environ 80 % d’une population de l’île estimée à 183 000 habitants aujourd’hui) ont incontestablement été victimes d’une politique d’assimilation qui a connu une accélération au début des années 1960, avec la nouvelle vocation de ce territoire à devenir le lieu des essais nucléaires français. Exposés plus massivement aux institutions importées de Paris (justice et école), plus urbanisés et dépendants de l’emploi salarié, les Tahitiens ont eu tendance alors à projeter leurs enfants dans un avenir francophone au sein duquel les langues polynésiennes étaient d’autant moins transmises qu’elles apparaissaient comme préjudiciables à l’intégration sociale. De fait, la déperdition d’une génération à l’autre est patente : si 52 % des 75-79 ans déclarent une langue polynésienne comme étant la plus parlée en famille, ce n’est le cas que de 17 % des 15-19 ans en 2012.
En réaction à l’ambition souvent hégémonique de la langue et de la culture françaises, et pour préserver ce qui peut l’être de la langue et de la culture tahitiennes, une politique visant à promouvoir cette langue et cette culture à l’école a été mise en application depuis le début des années 1980.
Basée sur des enquêtes empiriques auprès des enseignants, des parents et des enfants eux-mêmes (notamment via le programme de recherche « École plurilingue outre-mer » de l’Agence nationale de la recherche française en 2008-2012 et le programme de recherche « Les langues entre l’école et la famille : représentations et pratiques linguistiques contemporaines des enfants de CM2 à Tahiti » du Ministère de la Culture français en 2013-2014), notre contribution interroge les enjeux de la complémentarité entre école et famille élargie dans la transmission linguistique et culturelle, avec une attention toute particulière pour les représentations enfantines des langues que parlent les enfants, des langues qu’ils entendent autour d’eux, et des langues qui seront les leurs plus tard.
Publisher
Consortium Erudit
Subject
Social Sciences (miscellaneous),Anthropology,Social Psychology
Reference28 articles.
1. Argentin, S. et A. Moyrand. 2014. « Les langues polynésiennes au sein de l’école : entre malentendus linguistiques et crispations juridiques », dans L’école plurilingue en outre- mer Polynésie française, Nouvelle-Calédonie, Guyane, sous la dir. de I. Nocus, J. Vernaudon et M. Paia, Rennes, Presses universitaires de Rennes, p. 313-326. 2. Barnèche, S. 2005. Gens de Nouméa, gens des îles, gens d’ailleurs. Langues et identités en Nouvelle-Calédonie, Paris, L’Harmattan. 3. Bialystok, E. 2001. Bilingualism in Development: Language, Literacy and Cognition, Cambridge, Cambridge University Press. 4. Bialystok, E., G. Luk et E. Kwan. 2005. « Bilingualism, Biliteracy, and Learning to Read: Interactions Among Languages and Writing Systems », Scientific Studies of Reading, vol. 9, no 1, p. 43-61. 5. Billiez, J. 1985. « La langue comme marqueur d’identité », Revue européenne des migrations internationales, vol. 1, no 2, p. 95-105.
Cited by
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