Abstract
Cet article porte sur les formes et les degrés d’investissement des médias sociaux chez les compositeur·rice·s de musique contemporaine. Les propos des six jeunes compositeurs présentés et analysés ici ouvrent une petite fenêtre sur les modalités selon lesquelles l’esprit entrepreneurial travaille leurs pratiques professionnelles. Sensibilisés par les pairs autant que par certaines expériences scolaires à la nécessité objective (car imposée par les conditions du travail compositionnel) de « communiquer » et de gérer leur propre image d’artiste, ceux-ci investissent différents médias sociaux en s’arrangeant de leurs spécificités – sites personnels, comptes SoundCloud, YouTube ou Facebook, blogues, etc. – dans l’optique de gagner en visibilité. Si leurs usages et dosages de l’écrit en ligne peuvent varier en fonction de considérations esthétiques ou de leurs âges artistiques, ceux-ci révèlent quelques tensions générées par les injonctions à l’entreprise de soi, la logique de profit symbolique s’opposant au désintéressement lié à la figure de l’artiste romantique.
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