Abstract
Cet article interroge les effets de la pluralisation des acteurs du maintien de l’ordre sur le déploiement de l’action publique en matière de sécurité. À partir de la trajectoire du Citizens-Police Liaison Committee (CPLC), une organisation fondée en 1989 par des hommes d’affaires de Karachi (Pakistan) pour prêter main-forte à la police et dont les membres sont désormais reconnus comme des « experts » de la sécurité, l’article analyse les effets de l’implication d’acteurs économiques dans la formulation et la mise en œuvre des politiques publiques de sécurité. Quelles ressources des acteurs économiques peuvent-ils mobiliser pour se faire une place durable dans le champ de la sécurité ? Dans quelle mesure peuvent-ils ensuite influer sur l’action publique, et notamment sur le travail des forces de police ? La thèse de cet article est que, lorsque la seule mobilisation de capital économique ou social s’avère insuffisante pour assurer une place durable aux acteurs privés dans le champ de la sécurité, la constitution de savoirs experts, elle, peut permettre d’atteindre cet objectif. Dans le même temps, il montre, à partir de la notion de « situation d’expertise », que l’expertise fonde la participation d’acteurs privés à la sécurité tout en limitant leur capacité à orienter significativement l’action policière.
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