Abstract
L’article aborde le thème de la contractualisation au sein des universités qui est bien au cœur de la doctrine en Management Public caractérisée par Hood (1995). Une récente littérature (Bollecker, 2013 ; Châtelain et al. , 2013 ; Fabre, 2005) s’est intéressée aux contrats d’objectifs dans le champ du contrôle de gestion. Nous nous focalisons sur l’impact de l’internalisation d’une telle contractualisation en termes d’outil de contrôle. Le contexte étudié est celui d’une université de taille moyenne ayant connu une situation critique et dont la gouvernance et la présidence ont mis en place des outils avec pour objectif la sortie de cette situation. Notre problématique est de voir dans quelle mesure une telle internalisation de contrats d’objectifs au sein de l’université étudiée constitue un outil de contrôle. Pour ce faire, l’article vise caractériser les contrats internes d’objectifs et de moyens (CIOM) en tant que technologie de contrôle au sein d’une université moyenne du point de vue des composantes. Sur le plan théorique nous mobilisons la grille conceptuelle de Adler et Borys (1996) sur le contrôle dit capacitant ( enabling ) selon trois dimensions possibles à laquelle nous ajoutons le cadre conceptuel de Simons (1995) ainsi que celui d’objet-frontière (Trompette et Winck, 2009 ; Zeiss et Groenewegen, 2009) pour caractériser le rôle du CIOM en termes de dialogue entre les composantes et la présidence de l’université. L’école française des outils de gestion est aussi évoquée pour analyser la philosophie gestionnaire du déploiement des CIOM. La méthodologie est basée sur une analyse textuelle des neuf CIOM entre l’université étudiée et ses composantes à l’aide d’un logiciel ad hoc permettant dans un premier temps de faire émerger des proximités issues de la grille conceptuelle mobilisée. L’étude est complétée dans un second temps par des entretiens auprès de 3 directeurs de composantes dont les résultats de l’analyse textuelle préliminaire montrent une forte proximité. Les principaux résultats de l’analyse textuelle des CIOM montrent qu’un contrôle habilitant prédomine et s’explique selon les entretiens par une meilleure connaissance de soi lors du contrôle interactif, notamment en choisissant ses propres indicateurs pour la composante. La dimension facilitante de l’ enabling s’explique principalement par la diffusion des indicateurs du CIOM au plus près des équipes dans les composantes. On retrouve enfin une vertu contraignante (Ragaigne et al. , 2014) du CIOM en tant qu’outil sans qu’il y ait prescription toutefois dans son adoption ou son déploiement.