Un futur qui manque: sur quelques pièces de théâtre togolaises

Abstract

Les observations contenues dans le présent article concernent six pièces de théâtre togolaises strictement contemporaines (quatre miniatures dramatiques—Sous le grand kapokier… de Roger Atikpo, Jumel’âge de Jean Kantchébé, Tobbie, frères et sœurs ont la douleur de Rodrigue Norman, Tac-tic à la rue des Pinguins de Gustave Akakpo—et deux textes de dimensions normales : Atterrissage de Kangni Alem et Tanse-maître(s) d’Elemawusi Agbedjidji). Sur le plan esthétique, les analyses visent à décrire les attitudes assumées par les personnages envers le manque d’avenir qui caractérise l’univers dans lequel ils évoluent. Ces considérations s’organisent en deux sections : dans la première, nous nous focalisons sur les éléments traumatisants du passé qui rendent difficile, voire impossible, le dépassement du passé/présent vers un avenir ; dans la seconde nous analysons les éléments relatifs à l’image de l’avenir (ou de son absence) qui se dégage des textes, ainsi que les tentatives faites par les personnages pour surmonter l’apathie et l’inertie. Sur le plan théorique, nous soutenons la thèse selon laquelle, les textes étudiés constituent la preuve d’un certain échec des grandes opérations sociopolitiques et idéologiques (le système du postcolonialisme et le fétiche du développement) qui avaient pour l’objectif l’amélioration de la situation sur le continent africain, et qui sont actuellement remises en cause à travers les débats les plus récents.