L’offre de services de soutien à l’emploi destinés aux personnes immigrantes au Québec : la différenciation selon les régions, du découplage à l’appariement

Abstract

Les représentants actuels de l’État québécois souhaitent prendre mieux soin des immigrants et encouragent leur installation en régions, hors Montréal, où s’installent majoritairement les nouveaux arrivants. Ces dernières années, l’administration publique a graduellement laissé la charge de l’accueil et de l’intégration des personnes immigrantes à un réseau plus ou moins concerté d’organisations dispensatrices de ces services. Actuellement, sans se substituer à ce réseau, l’État joue un rôle plus direct à cet égard. Comment caractériser l’offre de services selon les régions, particulièrement celle liée à l’emploi immigrant? Qu’est-ce qui différencie cette offre de services entre régions? Comment s’explique cette différenciation, en tenant compte notamment de la demande d’emplois, reflet du capital économique des régions, ce qui révèle leurs enjeux futurs? L’article vise d’abord à dresser un état de situation comparée entre deux régions du Québec. Il propose ensuite une analyse, inspirée du modèle des capitaux d’attraction et rétention de l’immigration régionale et de la perspective institutionnaliste (commonsienne, des origines), sur la réponse qu’offre ce réseau d’organisations prestataires de services aux défis socioéconomiques de ces régions et leurs sous-régions. De l’analyse des facteurs de différenciation de cette offre régionale émerge l’hypothèse d’un découplage entre immigration économique temporaire d’attraction et immigration permanente de rétention, et d’un appariement des acteurs autour d’une approche d’intervention court-termiste. Enfin, l’analyse du soutien gouvernemental à l’immigration, inspirée du concept institutionnaliste de futurité, permet de faire état de son évolution et de proposer des pistes de réflexion et d’action à venir pour apparier deux ordres d’intervention : formel (gouvernemental) et informel (réseau). Cette étude fait ressortir l’importance de revenir sous un nouvel angle aux enjeux de discrimination.