Érosion dans la Sierra équatorienne : du modèle de développement occidental au modèle biocentrique inspiré du Buen Vivir

Abstract

Les sociétés andines précoloniales avaient une vision holistique du monde, intégrant l’humain à la nature environnante. Leur subsistance dépendant de la terre, elles avaient développé une agriculture riche pratiquant des cultures tropicales et tempérées, dont l’alternance et l’organisation spatiale favorisaient la conservation des sols. Ces techniques agricoles élaborées ont subi des transformations au moment de la colonisation espagnole et, par la suite, par l’introduction de réformes agraires qui entraîneront des conséquences importantes telles qu’une érosion progressive des sols de la Sierra. Ainsi, face aux défis posés par la détérioration de la nature et par la vision anthropocentriste du développement capitaliste, associées à un approfondissement des iniquités sociales, les peuples autochtones de l’Équateur proposent un retour à l’équilibre. Plus précisément, ils ont préconisé d’encourager des trajectoires humaines en harmonie avec la Nature, soit le Buen Vivir. En continuité avec cette notion, l’Équateur s’est donné, en 2008, un nouveau cadre légal et politique en faveur des droits sociaux et de ceux de la Nature. Cet article présente une vue d’ensemble de l’agriculture précoloniale, puis aborde les causes et effets de l’érosion des sols. Enfin, il aborde quelques articles de la Constitution de l’Équateur (2008), qui a octroyé des droits inaliénables au bien-être et à la Nature. L’analyse que nous présentons ci-dessous offre un espace de réflexion sur ce paradigme biocentrique, prenant racine dans les cultures locales ancestrales et sur les idéaux modernes du bien commun liés à la soutenabilité environnementale.