L’adultisme comme outil d’analyse critique :
exemple appliqué à l’intervention sociojudiciaire auprès des jeunes vivant en contexte de
violence conjugale
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Published:2023-03-09
Issue:41
Volume:
Page:
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ISSN:1708-6310
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Container-title:Enfances, Familles, Générations
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language:
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Short-container-title:efg
Author:
Alvarez-Lizotte Pamela1, Caron Caroline2
Affiliation:
1. Étudiante au doctorat et lauréate d’une bourse Vanier, École de travail social et de criminologie, Université Laval, pamela.alvarez-lizotte.1@ulaval.ca 2. Professeure, Département des sciences sociales, Université du Québec en Outaouais, caroline.caron@uqo.ca
Abstract
Cadre de la recherche: Dans cet article, nous
proposons une analyse théorique et critique du rapport social d’âge, à la lumière d’un
concept qui a émergé de perspectives sociales critiques dans les dernières décennies, soit
l’adultisme.
Objectifs: Nous visons deux objectifs : 1) conceptualiser l’adultisme comme
un système d’oppression qui entraîne des injustices épistémiques et 2) exemplifier comment
l’adultisme peut se manifester de nos jours, en appliquant l’analyse à l’intervention
sociojudiciaire auprès des jeunes vivant en contexte de violence conjugale (VC).
Méthodologie: Nous déconstruisons les rapports
sociaux d’âge jeunes-adultes, tels qu’on les connaît au Québec, en réalisant une analyse
théorique et critique basée sur les travaux de Collins (2000) ainsi que sur la
documentation émergente au sujet de l’adultisme.
Résultats: L’adultisme est un système
d’oppression formé, développé et perpétué par quatre domaines de pouvoir interreliés :
hégémonique, structurel, disciplinaire et interpersonnel. En intervention sociojudiciaire,
ces domaines de pouvoir constituent un obstacle majeur à la reconnaissance de l’agentivité
épistémique des jeunes qui vivent en contexte de VC. L’adultisme contribue notamment à
discréditer et à marginaliser les voix de ces jeunes ; en conséquence, leurs points de vue
ne sont pas toujours sollicités, écoutés ou considérés dans les décisions prises
concernant leur garde et les contacts père-enfants.
Conclusions: Via les quatre domaines de pouvoir,
l’adultisme contribue au vécu d’injustice épistémique des jeunes et pose obstacle à la
reconnaissance de leur statut d’acteur.
Contribution: L’article souligne le potentiel de
transformation sociale d’une meilleure reconnaissance de l’adultisme, particulièrement
dans l’intervention auprès des jeunes qui vivent en contexte de VC, ainsi que la
pertinence de son utilisation comme outil d’analyse critique.
Publisher
Consortium Erudit
Subject
Social Sciences (miscellaneous),Anthropology,Social Psychology
Reference65 articles.
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