Abstract
L’article vise à analyser, à travers les outils théoriques développés par Colette Guillaumin, deux rapports d’appropriation typiques de l’Athènes classique : l’esclavage-marchandise et la domination des citoyennes libres. Partant de sources anciennes, le parcours va des premières représentations littéraires de la « race féminine » à la codification médicale et philosophique de l’infériorité « naturelle » des femmes et des esclaves. L’examen des deux rapports sociaux confirme la relation logico-chronologique mise en évidence par Guillaumin entre l’appropriation et l’idéologie qui la justifie et la perpétue à travers « l’idée de nature ». Cela montre comment, même dans les sciences de l’Antiquité, les outils analytiques du féminisme matérialiste permettent de focaliser l’attention sur la dimension matérielle des relations sociales, en opposition à la tendance de l’historiographie contemporaine à se concentrer sur les aspects symboliques et identitaires, surestimant l’agency des femmes anciennes.
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