Abstract
La patine est tout d’abord affaire de temps, et en cela elle procure à l’objet une surface (sémiotique) d’inscription pour les « empreintes » d’un ensemble d’usages (les énonciations antérieures et successives des objets). Elle participe donc d’une mémoire figurative des objets, car, tout comme le discours verbal le fait avec la langue, l’énonciation des objets les modifie, et inscrit ces modifications dans leur structure même, qui en garde mémoire. En outre, cette mémoire, en ancrant les objets dans une sorte de tradition matérielle, celle de la longue chaîne des énonciations successives, projette des systèmes de valeur qui motivent leur co-existence : la mémoire inscrite dans la patine de chacun d’eux, devient alors leur mémoire collective, première étape de l’interobjectivité. Mais, pour pouvoir parler d’« interobjectivité », il faut d’abord pouvoir parler d’« objets », c’est-à-dire d’« actants ». Et on s’aperçoit alors que la patine, en dotant les « choses » soumises aux temps et aux usages d’une « enveloppe » chargée de valeurs et de mémoire, les convertit d’abord en actants compétents. Cette « compétence » n’est pas seulement de type sémantique (les valeurs incarnées dans la matière par les usages), elle est aussi modale, en ce sens que la patine et l’usure, tout comme l’ergonomie, induisent des contraintes et des lignes de tendance, des formes qui modalisent l’usager et infléchissent l’usage.
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