Affiliation:
1. Ingénieure CNRS au Centre de Recherche Médecine, Sciences, Santé, Santé Mentale, Société ; Université de Paris, CERMES3, CNRS, INSERM, EHESS, F-75006 Paris, France. natacha.vellut@parisdescartes.fr
Abstract
Cadre de la recherche: une recherche
rétrospective sur les morts suspectes d’enfants de moins d’un an réalisée en
France a permis de constituer deux bases de données, une base de données
judiciaires et une base d’articles de presse. L’analyse de ces données a donné
lieu à plusieurs publications qui précisent les déterminants psychosociaux des
infanticides et caractérisent le traitement des institutions de la police, de la
justice et de la presse vis-à-vis de ces homicides.
Objectifs : Il s’agit d’étudier quelle
place est réservée au corps de l’enfant décédé dans ces procédures
d’infanticides et d’en inférer les conceptions de l’enfant qui sous-tendent les
discours et les pratiques des différents acteurs (parents, mis en cause,
témoins, acteurs de la police et de la justice).
Méthodologie : L’analyse porte sur des
données textuelles issues de dossiers judicaires et d’articles de presse et
compare des affaires d’infanticides similaires quant aux actes incriminés, mais
aux traitements judiciaires et médiatiques contrastés et présentant des
conclusions judiciaires hétérogènes.
Résultats : Le corps de l’enfant décédé
est considéré comme un corps-objet et non comme un corps-sujet. Ce corps-objet
est instrumentalisé par les différents acteurs de la procédure dans la
perspective, consciente ou non, d’influencer la conclusion judiciaire. Il est
alors corps politique soumis aux rivalités de différentes légitimités.
Conclusions : Plusieurs facteurs
contribuent à ce que le corps de l’enfant décédé soit objectalisé et
instrumentalisé : la mort, qui en elle-même favorise une conception du corps
comme objet, le manque de reconnaissance sociale des victimes qui résulte de
leur jeune âge, l’idée que les enfants appartiennent aux parents. La conception
de l’enfant comme personne apparaît incertaine.
Contribution : Ces affaires d’infanticide questionnent la conception de l’enfant comme
personne. Il semble que deux conceptions coexistent : l’enfant est une personne
dès sa naissance, l’enfant n’est pas tout à fait une personne tant qu’il n’a pas
été prénommé, n’a pas développé de relations, n’a pas eu une existence sociale
et publique.
Subject
Social Sciences (miscellaneous),Anthropology,Social Psychology
Reference31 articles.
1. Article de presse (2015, 15 juin). « Une Finlandaise
condamnée à la perpétuité pour cinq infanticides », Internet@lesoir.be (avec les rédactions du Soir en ligne, du Soir,
d’AFP, d’AP et de Belga)
2. Becker, H.S. 1985. Outsiders. Etudes
de sociologie de la déviance, Paris, Métailié.
3. Besnier, C. 2017. La vérité côté
cour. Une ethnologue aux assises, Paris, La Découverte.
4. Bonnemère, P. 2009. « Une perspective anthropologique sur
l’infanticide : la notion de personne en Nouvelle-Guinée », Enfances & Psy, vol. 44, n° 3, p. 29-41.
5. Caffin, P. (2018, 20 juin). « Quinze ans pour la mère
infanticide », Le Parisien, consulté sur http://www.leparisien.fr/oise-60/quinze-ans-pour-la-mere-infanticide-20-06-2008-3298577638.php
Cited by
1 articles.
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1. Étude d’un cas de filicide : Fabienne Kabou;Annales Médico-psychologiques, revue psychiatrique;2024-01