Abstract
Cet article traite de l’empêchement des leaders des quartiers de la ville de Duque de Caxias (DdC) dans l’État de Rio de Janeiro (900 000 habitants), dans la région déshéritée de la Baxaida Fluminense. Le secteur de l’eau n’est pas déserté par les leaders locaux de DdC, dont le militantisme est ancien et structuré. Cependant, ceux-ci n’accèdent pas aux espaces décisionnels et leur présence dans les arènes participatives est faible ou non pérenne. Les leaders de DdC y sont empêchés, voire invisibles. L’hypothèse soutenue est que, pour comprendre cette situation, il faut reconstruire les liens entre les types de participation et les dynamiques de pouvoir dans le policy process. Les pratiques participatives au policy process dépendraient de trois variables explicatives : les coalitions de politiques publiques et leurs causes, la gouvernance multi-niveaux, et les capacités politiques des protagonistes. Le premier temps de l’article présente l’intérêt heuristique du modèle qui articule ces trois approches. Le second temps présente les caractéristiques de la gestion de l’eau à DdC : la dépendance à « la production de l’eau » (système hydroélectrique Guandu), mais en même temps la défaillance des infrastructures, ainsi qu’une gouvernance multi-niveaux fragmentée et sans coordination qui exclut les leaders locaux des espaces décisionnels. Les troisième et quatrième temps analysent le clivage entre deux coalitions. La coalition technico-politique (CTP) cumule les capacités politiques (accès aux espaces décisionnels, technicités, opérationnalités) et monopolise l’accès aux ressources de l’État fédéré. À l’inverse, la coalition militante-hygiéniste-environnementaliste (CMHE) et ses leaders locaux détiennent des capacités politiques de représentation et de mobilisation sociales, mais sont dépourvus de capacités d’accès aux espaces décisionnels. Enfin, un cinquième temps décrit l’invisibilité des leaders locaux dans les arènes participatives.
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