Affiliation:
1. Doctorante en communication, Université du Québec à Montréal
2. Doctorant en histoire, Université d’Ottawa
Abstract
Le Québec a vécu lors des élections générales d’octobre 2018 un « moment paritaire enchanté », où la construction d’un discours fondé sur la valeur ajoutée des femmes à la démocratie est apparue profitable chez les candidates et les chef·fe·s de parti, et ce, grâce à la mobilisation d’acteurs extérieurs au champ politique (groupes de femmes, médias, sondeurs). À partir d’une analyse d’un corpus médiatique couvrant les six mois précédant les élections, cet article montre que les propos tenus par les candidates et les chef·fe·s de parti sur les « qualités typiquement féminines » des politiciennes et leur capacité à « faire de la politique autrement » participent d’une stratégie d’argumentation qui réduit les femmes à leur rôle de genre. Alors que les conditions sociales et politiques en présence les y encourageaient fortement, la mise en valeur de la « féminité » s’est imposée comme une contrainte supplémentaire pour les candidates, qui, pour entrer dans un univers (encore) largement dominé par les hommes, devaient répondre aux attentes liées à la fois à leur genre et à leur profession.