Abstract
Dans cet article, j’attire l’attention sur le fait, inaperçu, qu’il n’y a pas de syntaxe chez Saussure (en dehors de mentions éparses du terme au cours d’énumérations de composantes des langues), ni dans le CLG, ni dans les ÉLG, et que cette absence a embarrassé ses épigones, bien qu’elle n’ait pas empêché Tesnière, qui le cite avec éloge, de consacrer son grand livre à la syntaxe. Cette apparente lacune contraste vivement avec la tradition créée par Chomsky, qui met la syntaxe au centre des langues et de sa théorie. Pourtant, la syntaxe, qui est encore omniprésente dans les travaux des linguistes d’aujourd’hui, même chez ceux qui ne suivent pas du tout les modèles formalistes, n’a pas, en réalité, dans les langues, l’importance qu’on lui donne, comme j’essaie de le montrer ensuite en examinant les domaines que l’on peut imputer à la syntaxe. Elle pourrait même n’être qu’une composante secondaire, et un épiphénomène de la linéarisation du discours. Le principe saussurien selon lequel, dans la langue, il n’y a que des différences suffit pour rendre compte des phénomènes pour lesquels les formalistes ont développé une composante syntaxique complexe.
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