Affiliation:
1. Université de Strasbourg, Département d’études japonaises, 22, rue René Descartes, 67084 Strasbourg, France
Abstract
Durant la période japonaise prémoderne (1603-1867), les kagema étaient de jeunes apprentis acteurs-travestis du kabuki (onnagata). Ils appartenaient à une classe sociale et de genre spécifique, et faisaient l’objet d’une appréciation érotique comparable à celle des courtisanes des quartiers rouges. À compter de la période moderne (1868-1945), qui correspond à une phase d’occidentalisation, les kagema disparaissent, notamment en raison de l’assimilation des normes sexuelles et du régime de genre occidentaux. Durant les années 1920, les kagema ont fait l’objet d’une relecture au travers des catégories modernes engendrées par la médecine et la psychiatrie occidentales, et ont été érigés en figure de proue de la « perversion sexuelle » (hentai seiyoku), de l’inversion et de l’effémination. Puis, au début des années 1930, les médias ont usé du terme kagema afin de désigner des travailleurs du sexe travestis contemporains. Cette contribution s’attache à mettre en lumière la façon dont les kagema ont fait l’objet d’une réécriture et d’une réappropriation dans les discours japonais modernes au travers des catégories de genre et des normes sexuelles importées depuis l’aire occidentale.
Reference42 articles.
1. Akita M., 1994, Sei no ryôki modan [Modernisme et insolite sexuel]. Tokyo, Seikyûsha.
2. Chauncey G., 2003 [1994], Gay New York, 1890-1940. Paris, Fayard.
3. Delphy C., 2001 [1991], L’ennemi principal, 2. Penser le genre. Paris, Syllepse.
4. Espagne M., 2013, « La notion de transfert culturel », Revue Sciences/Lettres, 1, mis en ligne le 1er mai 2012. Consulté sur Internet (https://doi.org/10.4000/rsl.219), le 22 mai 2022.
5. Foucault M., 2018 [1976], Histoire de la sexualité (I). La volonté de savoir. Paris, Gallimard.