Affiliation:
1. CNRSCentre de recherche sur l’action politique en EuropeInstitut d’études politiques de RennesLAPSS-ENSP
Abstract
Si l’on entend, par « société des savoirs », la mobilisation des connaissances pour une meilleure gouvernance des sociétés contemporaines, celle-ci reste largement hypothétique. En effet, nombre d’obstacles s’érigent sur le chemin de la diffusion des savoirs dans la société, dont le premier est le poids des idées reçues et l’importance du contexte idéologique. Selon l’état du débat public, certains résultats de travaux académiques trouveront un écho, quand d’autres seront littéralement négligés, oubliés, voire niés. Ce phénomène de tri, de filtrage de la contribution des chercheurs au débat public est particulièrement puissant dans le domaine des sciences sociales, où la controverse scientifique représente une des modalités de production des savoirs eux-mêmes, et où l’établissement d’une causalité est toujours sujette à caution, tant le nombre de variables en cause est considérable et incontrôlable. Pour rendre compte de cette faiblesse des sciences sociales face au discours de l’opinion, nous prendrons ici l’exemple d’une controverse inscrite depuis plus d’un siècle dans l’histoire des sciences de l’Homme et de la Société : celle qui concerne le lien entre instabilité familiale et délinquance. En retraçant quelques moments de l’histoire de cette hypothétique causalité, il est possible de prendre la mesure, à la fois du rôle que joue indiscutablement le contexte idéologique et politique, et de l’impact du néoconservatisme ambiant sur les relations entre sciences sociales et action publique.
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