Affiliation:
1. Muzeul Taranului RomanSos.Kiseleff 3-5BucarestRoumanie
Abstract
Les disciplines « anthropologiques » en Roumanie (l’ethnographie et le folklore) appartiennent historiquement plutôt à la grande famille des « ethnologies nationales », voire des « sciences nationales » au service de la nation, ayant comme objet d’intérêt le Paysan plutôt que le Primitif. À part une brève période internationaliste, le communisme n’a pas mis en question cette approche, se contentant de l’utiliser à son profit. Elle n’a pas fait l’objet d’une analyse critique, même après la chute du communisme, se plaçant ainsi dans une « longue durée » qui reste un enjeu en soi.
Dans ce contexte, l’anthropologie arrive en Roumanie pratiquement avec la chute du communisme, apportant la bonne parole d’une connaissance occidentale noble, car non maculée par le nationalisme ou le communisme local et n’ayant pas non plus l’intention de se mêler à ces pratiques académiques plutôt indésirables. Se tenant au début à l’écart les uns des autres, les « folkloristes » et les « anthropologues » ont fini par se polariser socialement et par couper pratiquement toute communication. L’expertise de la « vraie société roumaine » se voit ainsi fragmentée elle aussi, instrumentalisée par des jeux de pouvoir changeants.
L’article se pose la question de l’avenir de la discipline (des disciplines?) et ses rapports avec la société dans ce contexte où l’ethnologie nationale semble avoir touché à sa fin, où l’intégration européenne a légiféré « la mort du Paysan » et où l’anthropologie qui vient de l’Occident a du mal à se positionner par rapport a cette double mort dont on n’a pas encore fait le deuil.
Reference62 articles.
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