Abstract
Anna Freud, la sixième et la plus jeune des enfants de Sigmund Freud, est devenue l’héritière et la gardienne officielle de l’oeuvre de son père, quoique de manière ambiguë et dans la controverse. Fondatrice de la psychanalyse d’enfants avec ou contre Melanie Klein, elle a aussi cofondé des écoles mettant de l’avant une pédagogie psychanalytique et novatrice, non sans révéler ce faisant des interférences entre son analyse, son oeuvre et sa vie. Son analyse avec son père, qui l’appelait « son Antigone », a fait l’objet d’articles de Freud (« Un enfant est battu » en 1919) et d’elle-même (« Fantasme d’“être battu” et rêverie » en 1922). Publiés très tôt, ces textes suscitent ambivalences et critiques voilées, ainsi que des interprétations sauvages selon lesquelles Anna Freud était tour à tour vieille fille et lesbienne. Cet article interroge les liens entre son analyse, poursuivie sous une élection paternelle dont elle bénéficie tout en étant prisonnière, et le regard que nous portons sur elle aujourd’hui. Si Anna Freud a certes été fidèle à la mémoire et à l’oeuvre de son père et à ce qu’elle aura cherché à en protéger, elle a également eu une longue vie après la mort de celui-ci, vie où elle a aimé et frayé sa propre voie, notamment en fondant des lieux thérapeutiques psychanalytiques pour les enfants et en créant une oeuvre originale en psychanalyse.
Reference28 articles.
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