Affiliation:
1. Université du Québec à Montréal
2. Université Laval
Abstract
Différentes conventions régissent ce qu’on nomme le « topique du manuscrit trouvé ». Bien présent dans la littérature des xviie et xviiie siècles, ce topique sert à pallier certaines invraisemblances, à lier, de façon plus ou moins sérieuse, le texte fictionnel à l’univers référentiel. Or, ce phénomène, intégré dans des romans du xxie siècle, ne saurait viser les mêmes effets. Cet article se propose d’analyser la présence de ce topique dans des oeuvres contemporaines, en s’attardant plus particulièrement aux « préfaces dénégatives » qui servent à réfuter l’identité de l’auteur institutionnel — celui dont le nom paraît sur la jaquette — en proposant une origine nouvelle au texte. Si l’étude de quelques romans aux stratégies paratextuelles distinctes (La chambre de Simon Lambert, Maleficium de Martine Desjardins et Une estafette chez Artaud de Nicolas Tremblay) permet d’établir les enjeux d’une telle pratique, l’article s’attarde plus particulièrement sur des cas limites qui actualisent de façon inusitée le topique du manuscrit trouvé : Wigrum de Daniel Canty, d’une part, et Éros mélancolique de Jacques Roubaud et Anne F. Garréta, d’autre part. De la question première, « à quoi cela sert-il ? », découle une hypothèse, à savoir, le déplacement de l’enjeu du vraisemblable, qui concernerait moins la question du croire, dans ces oeuvres, que la question de l’origine.
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