Adaptations et résiliences des pratiques esclavagistes en Thaïlande et en Birmanie
Author:
Ivanoff Jacques1, Chantavanich Supang2, Boutry Maxime3
Affiliation:
1. Éco-Anthropologie et ethnobiologie (UMR7206-CNRS) MNHN, bureau 346, 57, rue Cuvier, 75005 Paris, France 2. Asian Research Center for Migration (ARCM), Institute of Asian Studies, Chulalongkorn University, 7th floor, Prachadhipok-Rambhai Barni Building, Phyathai Road, Bangkok 10330, Thailand 3. PALOC – Patrimoines locaux et Gouvernance, 57, rue Cuvier, Case postale 26, 75231 Paris cedex 05, France
Abstract
Parler d’esclavage moderne soulève des questions éthiques, religieuses, politiques et économiques. L’esclavage « traditionnel » est tellement complexe, pouvant même aller jusqu’à un esclavage « volontaire », aujourd’hui tout comme hier, que l’on a parlé de formes extrêmes de dépendance (Condominas 1998) pour définir cette catégorie sociale. L’histoire de l’Asie du Sud-Est a été sujette à la colonisation de territoires, suivant les affrontements d’États nations en formation qui, pour coloniser leurs terres, mettaient en esclavage les populations soumises. D’autres formes existaient, les serfs aux mains de seigneurs ou les esclaves pour dettes. Ces derniers peuvent être encore définis aujourd’hui comme des esclaves. D’une part, les autorités, malgré tous les efforts menés, ne peuvent éradiquer ce problème trop ancré culturellement et, d’autre part, les économies locales ont besoin de ces travailleurs-esclaves pour faire tourner leurs économies de manière compétitive, quitte à aller les chercher dans les pays voisins (la Thaïlande puise dans la main-d’oeuvre cambodgienne et birmane). Un paradoxe est évident. Comment supprimer l’esclavage alors que celui-ci est nécessaire à l’économie ? D’où il découle par exemple des difficultés de dialogue entre les États-Unis et la Thaïlande pour savoir dans quelle catégorie « Tier » mettre le Royaume de Thaïlande, qui malgré ses efforts pour lutter contre le trafic humain, mène une lutte plus déclarée qu’effective et est demeurée dans la catégorie infamante « Tier 3 » jusqu’au mois d’août 2016. Malgré les outils pertinents que représentent les ONG, les recherches, les commissions d’enquêtes et les sanctions (le « carton jaune » de l’Europe par exemple concernant les produits de la pêche venus de Thaïlande), cela ne suffit pas à éradiquer des pratiques tellement anciennes qu’elles sont inscrites dans la culture népotique de l’Asie du Sud-Est elle-même. Seules l’éducation et la pratique des petits pas permettront de remédier à ce problème, avec évidemment une redistribution des richesses, dont la lacune constitue un des piliers de l’archaïsme du Sud-Est asiatique.
Publisher
Consortium Erudit
Reference55 articles.
1. Aung Thwin M., 1983, « Athi, Kyun-Taw, Hpaya-Kyun. Varieties of Commendation and Dependence in Pre-Colonial Burma » : 64-89, in A. Reid (dir.), Slavery, Bondage and Dependency in Southeast Asia. St Lucia, New York, University of Queensland Press, St Martin’s Press. 2. Bangkok Post et Mizzima, 2016, Myanmar, UNHCR to Ensure Safe Return of Refugees, 7 juillet 2016, Bangkok Post, consulté sur Internet (http://www.bangkokpost.com/print/1030081/) le 10 juillet 2016. 3. Beemer B., 2009, « Southeast Asian Slavery and Slave-Gathering Warfare as a Vector for Cultural Transmission. The Case of Burma and Thailand », Historian, 71, 3 : 481-506. 4. Boutry M. et J. Ivanoff, 2009, La monnaie des frontières. Migrations birmanes dans le sud de la Thaïlande : structure des réseaux et internationalisation des filières. Bangkok, IRASEC. 5. Boutry M., 2014a, « L’arakanisation d’Arakan : les racines d’un nouvel exode ? », L’Espace politique, 24, 3, consulté sur Internet (http://espacepolitique.revues.org/3290) le 1er septembre 2015.
Cited by
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