Affiliation:
1. École de Psychologie, Université Laval
2. Centre Interdisciplinaire de Recherche en Réadaptation et Intégration Sociale (Cirris)
3. Centre de recherche CERVO
4. Faculté de médecine, Université Laval
Abstract
Avec l’attrait engendré par les avancées en informatique et en intelligence artificielle, les personnages virtuels (c.-à-d. personnages représentés numériquement d’apparence humaine ou non) sont pressentis comme de futurs prestataires de soins en santé mentale. À ce jour, l’utilisation principale de tels personnages est toutefois marginale et se limite à une aide complémentaire à la pratique des cliniciens. Des préoccupations liées à la sécurité et l’efficacité, ainsi qu’un manque de connaissances et de compétences peuvent expliquer cette discordance entre ce que certains s’imaginent être l’utilisation future (voire futuriste) des personnages virtuels et leur utilisation actuelle. Un aperçu des récentes données probantes contribuerait à réduire cette divergence et à mieux saisir les enjeux associés à leur utilisation plus répandue en santé mentale.
Objectif Cet article vise à informer tous les acteurs impliqués, dont les cliniciens, quant au potentiel des personnages virtuels en santé mentale, et de les sensibiliser aux enjeux associés à leur usage.
Méthode Une recension narrative de la littérature a été réalisée afin de synthétiser les informations obtenues de la recherche fondamentale et clinique, et de discuter des considérations sociétales.
Résultats Plusieurs caractéristiques des personnages virtuels provenant de la recherche fondamentale ont le potentiel d’influencer les interactions entre un patient et un clinicien. Elles peuvent être regroupées en deux grandes catégories : les caractéristiques liées à la perception (p. ex. réalisme) et celles liées à l’attribution spontanée d’une catégorie sociale au personnage virtuel par un observateur (p. ex. genre). Selon la recherche clinique, plusieurs interventions ou évaluations utilisant des personnages virtuels ont montré divers degrés d’efficacité en santé mentale, et certains éléments de la relation thérapeutique (p. ex. alliance et empathie) peuvent d’ailleurs être présents lors d’une relation avec un personnage virtuel. De multiples enjeux socioéconomiques et éthiques doivent aussi être discutés en vue d’un développement et d’une utilisation plus accrue qui soient responsables et éthiques. Bien que l’accessibilité et la disponibilité des personnages virtuels constituent un avantage indéniable pour l’offre de services en santé mentale, certaines iniquités demeurent. L’accumulation de données biométriques (p. ex. rythme cardiaque) a également le potentiel d’enrichir le travail des cliniciens, mais aussi de mener au développement de personnages virtuels autonomes à l’aide de l’intelligence artificielle, ce qui pourrait conduire à certains dérapages (p. ex. erreurs de décision clinique). Quelques pistes de recommandations visant à éviter ces effets indésirables sont présentées.
Conclusion L’emploi des personnages virtuels sera de plus en plus répandu en santé mentale en raison de leurs avantages prometteurs. Ainsi, il est souhaitable que tous les acteurs impliqués s’informent sur leur usage dans ce contexte, se sensibilisent aux enjeux spécifiques, participent activement aux discussions quant à leur développement et adoptent des recommandations uniformes en vue d’un usage sécuritaire et éthique en santé mentale.
Subject
Psychiatry and Mental health,Clinical Psychology,General Medicine,Pshychiatric Mental Health
Cited by
2 articles.
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