Abstract
Depuis le début des années 2000, la ville de Bogota accueille un phénomène singulier, très vivant aujourd’hui et presque inimaginable il y a seulement quelques décennies : le succès commercial et critique de musiciens d’origine afrocolombienne porteurs de traditions provenant directement des régions les plus défavorisées du pays. Dans ce contexte, les musiques afrocolombiennes connaissent une renaissance grâce à l’enregistrement, à des fins commerciales, de genres musicaux traditionnels destinés à un public urbain colombien et international. À partir de la question d’Eliot Bates sur la manière dont la tradition est produite dans les studios d’enregistrement numériques du xxie siècle, cet article aborde certains des défis auxquels sont confrontés les labels de musique indépendants qui promeuvent la musique traditionnelle afro-colombienne auprès d’un public international plus large. Basé sur différentes études de cas de pratiques récentes d’enregistrement de musique afrocolombienne à Bogota – avec des producteurs tels que Diego Gómez (Llorona Records), Urián Sarmiento (Sonidos Enraizados), Juan-Sebastián Bastos (Tambora Records) et Julián Gallo (Juga Music) – cet article mettra en lumière la manière dont l’utilisation créative de la technologie de studio aide les labels indépendants à élaborer et à promouvoir des projets musicaux qualifiés de « traditionnels » ou de « fusion », et ce que ces deux catégories peuvent révéler sur les processus créatifs et commerciaux en jeu dans ce phénomène contemporain.
Reference91 articles.
1. Appadurai, Arjun (1990), « Disjuncture and Difference in the Global Cultural Economy », Public Culture, vol. 2, no 2, p. 1-24, https://doi.org/10.1215/08992363-2-2-1.
2. Arom, Simha et Denis-Constant Martin (2006), « Combiner les sons pour réinventer le monde. La World Music, sociologie et analyse musicale », L’Homme, no 177-178, p. 155-178, https://doi.org/10.4000/lhomme.21689.
3. Barnat, Ons (2012), Le studio d’enregistrement comme lieu d’expérimentation, outil créatif et vecteur d’internationalisation. Stonetree Records et la paranda garifuna en Amérique centrale, thèse de doctorat, Université de Montréal.
4. Barnat, Ons (2015), « Hybridité, authenticité et atteinte du succès international. Réflexion sur les processus de commercialisation de disques de world music », Revue musicale oicrm, vol. 2, no 2, p. 137-158, https://revuemusicaleoicrm.org/rmo-vol2-n2/hybridite-authenticite-et-atteinte-du-succes-international-reflexion-sur-les-processus-de-commercialisation-de-disques-de-world-music.
5. Barnat, Ons (2019), « Studio Recording and World Music Making in Central America. The Case of the Garifuna Paranda, From Local Revival to Internationalization », dans Simon Zagorski-Thomas et al. 2019, p. 171-184, https://doi.org/10.4324/9781315467658-12.