Affiliation:
1. Université Paris 8, Saint-Denis, France ; Centre de recherches sociologiques et politiques de Paris (CRESPPA), France ; Institut national d’études démographiques (INED), France, julia.descamps@ined.fr
Abstract
Cadre de la recherche : Le droit français garantit sur le papier aux
immigré.e.s le
« droit
à une vie familiale
normale »,
en permettant aux étranger.ère.s résidant régulièrement en France de se faire rejoindre
par leur conjoint.e et leurs enfants mineurs.
Objectifs : Cet article se propose d’étudier la
manière dont des immigré.e.s engagé.e.s dans un parcours de regroupement familial mènent
les démarches administratives les concernant et s’y adaptent. Le dispositif institutionnel
du regroupement familial est dédié à la sphère privée, mais fait pourtant l’objet de
stratégies collectives au-delà du foyer : l’article se propose d’interroger les conditions
de possibilité d’émergence de telles stratégies.
Méthodologie : L’analyse repose sur des
observations au sein de groupes en ligne de
« retour
d’expérience »
sur la procédure du regroupement familial, et des entretiens semi-directifs menés entre
septembre 2020 et janvier 2021 avec des membres de ces groupes.
Résultats : Les espaces en ligne constituent
une instance de socialisation par le bas au droit au regroupement familial et révèlent un
partage genré du travail administratif. Ils sont aussi le lieu de récits et de
mobilisations collectives qui de fait, mettent en avant les parcours les plus exemplaires.
Conclusions : L’accès au droit au regroupement
familial ne doit pas être analysé à la seule échelle du demandeur.euse qui effectue les
démarches, mais à celle du couple, et à celle de la mobilisation collective. Le partage de
la communauté a des effets contrastés sur l’expérience individuelle et collective du
droit, entre soutien et encadrement moral des carrières administratives.
Contribution : L’article souligne l’agentivité
des familles migrantes pour se réunifier dans le cadre du droit français, et notamment le
rôle crucial des conjointes restées à l’étranger, souvent considérées comme les
bénéficiaires passives du regroupement familial. Il invite à une réflexion sur
l’intériorisation, par les immigré·es, des normes étatiques de sélection de l’immigration
familiale.
Subject
Social Sciences (miscellaneous),Anthropology,Social Psychology