Affiliation:
1. Chercheur, Fonds national de la recherche scientifique (FNRS) et chargé de cours invité, Université catholique de Louvain-la-Neuve, Belgique
Abstract
Cet article propose d’analyser différentes attitudes et discours moraux, à priori contradictoires, actualisés autour de la mise à mort d’un mouton, d’une vache et d’un loup parmi des éleveurs nomades de Mongolie. La mise à mort d’un animal domestique, contrairement à celle d’un animal sauvage, est toujours empreinte de sobriété. Pour les éleveurs, selon les fragments de l’idéologie bouddhiste en vigueur, la mise à mort d’un animal domestique est associée aux idées de pollution (buzar) et de péché (nügel). De manière contrastée, la mise à mort d’un animal sauvage, et plus particulièrement d’un loup, fait l’objet d’une grande joie. Un éleveur chanceux à la chasse est dit « vertueux », « méritant » (buyantaj) et doté d’un haut potentiel vital (hijmor’). En mobilisant la notion mongole de fortune (hišig), j’analyse la coexistence de différents types de moralité liés à la mise à mort d’un mouton, d’une vache et d’un loup.