Affiliation:
1. Maître de conférences en science politique, Faculté d’économie et de gestion, Aix-Marseille Université, Marseille et chercheur au CNRS, Laboratoire d’économie et de sociologie du travail (LEST) UMR 7317, 13626 Aix-en-Provence, France
Abstract
Cet article étudie les stratégies de négociation et de mobilisation des dirigeants confédéraux de la CGT à l’occasion de réformes gouvernementales de la protection sociale qui préfiguraient celles qui ont été engagées depuis 2008 en réponse à la “crise” économique. L’analyse de l’autonomie des syndicats dans la négociation de ces réformes doit être réinscrite dans un examen au plus long cours des transformations des formes et des conditions de possibilité de la lutte syndicale. L’étude des pratiques de ces dirigeants syndicaux permet, en particulier, de s’interroger sur les ressorts de leur enrôlement dans ces processus de négociation, ainsi que sur les effets et les dilemmes qu’implique cette action institutionnelle sur leur manière de contester les projets gouvernementaux.
Leur engagement dans ces procédures de concertation n’a rien de mécanique ni de consensuel. Il est, d’abord, le fruit de leur affaiblissement politique et militant. Cette situation modifie leur perception des profits qu’ils peuvent retirer à réinvestir les manières d’être et les outils légitimes dans l’espace de la négociation. Elle les porte notamment à valoriser la production de contre-expertise et de contre-propositions pour justifier leur opposition aux projets gouvernementaux. L’investissement de ces modes d’action institutionnels n’exclut pas le recours à l’arme de l’action collective, mais il contribue à en modifier les usages. D’une part, ces dirigeants syndicaux s’imposent des limites dans leurs stratégies de mobilisation des salariés pour asseoir leur légitimité dans la négociation. D’autre part, ils doivent composer avec de multiples contraintes organisationnelles qui entravent leur capacité à mobiliser leurs adhérents au cours de ces négociations interprofessionnelles.
Contre la tendance à opposer l’institutionnalisation des syndicats à leur capacité à entrer en conflit, l’étude des pratiques des dirigeants de la CGT met donc davantage en évidence les contraintes institutionnelles, politiques et organisationnelles qui influencent la manière dont s’articulent et se reconfigurent les usages syndicaux des outils de la négociation et de l’action collective.
Subject
Management of Technology and Innovation,Organizational Behavior and Human Resource Management,Strategy and Management
Reference19 articles.
1. Andolfatto, Dominque et Dominique Labbé. 2006, « La transformation des syndicats français », Revue française de Science politique, 56 (2), 281-297.
2. Béroud, Sophie, Jean-Michel Denis, Guillaume Desiage, Baptiste Giraud et Jérome Pélisse. 2008, La lutte continue ? Les conflits du travail dans la France contemporaine, Bellecombe-en-Bauge : Éditions du Croquant.
3. Béroud, Sophie et Karel Yon. « Face à la crise, la mobilisation sociale et ses limites. Une analyse des contradictions syndicales », Modern and Contemporary France, 20 (2), 2012, 169-183.
4. Collovald, Annie (dir.). L’humanitaire ou le management des dévouements, Rennes : PUR, 2002.
5. Contamin, Jean-Gabriel et Rolland Delacroix. 2009, « Les transformations des formes d’engagement au prisme du local », Politix, 85, 81-104.
Cited by
5 articles.
订阅此论文施引文献
订阅此论文施引文献,注册后可以免费订阅5篇论文的施引文献,订阅后可以查看论文全部施引文献