Affiliation:
1. Université Rennes 2, Laboratoire VIPS² UR4636, UFR STAPS Campus la Harpe, Avenue Charles Tillon, 35044 Rennes
Abstract
Des aspects socioculturels (socialisation familiale, perception dominante du corps féminin, espaces genrés) contribuent à l’explication du faible taux de pratique sportive des femmes marocaines, notamment dans certains sports considérés comme « masculins ». À partir d’une enquête qualitative réalisée auprès d’un groupe de jeunes footballeuses âgées de 14 à 20 ans, de leurs proches et des responsables d’associations sportives, cet article analyse les modes de socialisation, les perceptions du corps et la construction des dispositions « masculines » dans deux quartiers populaires défavorisés dans la périphérie de Rabat. Dans ces quartiers, le football féminin est fréquemment considéré comme une pratique qui va à l’encontre des normes dominantes risquant de modifier l’hexis corporelle des filles. En parallèle, l’apparence masculine de certaines footballeuses est interprétée parfois comme une « perte de féminité » et interroge la binarité du genre tant dans les quartiers étudiés qu’au sein de la société. Par conséquent, l’engagement sportif de ces jeunes footballeuses se négocie en marge des conventions dominantes de genre.