Affiliation:
1. Université du Québec à Montréal
Abstract
À travers le « Journal du botaniste » inséré dans La Quarantaine, Le Clézio révèle un pan de l’imaginaire scientifique propre aux découvertes : c’est en effet la figure de l’explorateur qui se dessine à travers ce personnage pétri de connaissances sur les plantes exotiques, parcourant l’île dans ses moindres recoins, collectant à la manière des anciens herboristes divers spécimens. En plus de dresser par ce biais une description riche et variée de la végétation de l’île Plate, le récit rappelle l’importance des voyages à la fois dans l’histoire de la circulation des plantes et dans la constitution de l’imaginaire scientifique lui-même. Pourtant, ce n’est pas John Metcalfe, le botaniste, mais bien Ananta, la guérisseuse et servante des bûchers d’origine indienne, qui détient le savoir nécessaire au traitement des malades atteints de la variole, un savoir populaire qu’elle transmet à sa fille, Surya. En plus de posséder des vertus salvatrices, le végétal se trouve à la base de l’alimentation des coolies, qui cultivent de petits jardins, alors que les Blancs ne comptent que sur la nourriture apportée par les bateaux. Le Clézio rappelle dans ce roman les liens étroits entre le végétal et l’humain, des liens qui semblent s’être distendus en raison de la spécialisation des savoirs, alors que dans l’imaginaire les plantes restent intimement liées à la vie humaine: « Ce sont les plantes qui sauvent les hommes » (268).
Reference5 articles.
1. BORGOMANO, M. (2006). “La Quarantaine de Le Clézio et le vertige intertextuel”. Cahiers de narratologie, [en ligne], no 13 : 1-8. URL : http://naratologie.revues.org/317 (consulté le 26 juin 2012).
2. GNAYORO, J. F. R. (2011). L’expression de la nature chez Giono et chez Le Clézio. Sarrebruck : Éditions universitaires européennes.
3. LÉGER, T. (2009). “L’écriture médecine”, in Europe, nos 957-958 : 104-115.
4. LE DANTEC, D. (2010). L’homme et les herbes. Rennes : Éditions Apogée.
5. ROUSSEL-GILLET, I. (2011). J.M.G. Le Clézio, écrivain de l’incertitude. Paris : Ellipses.