Affiliation:
1. Université de Montréal, Québec, Canada
Abstract
Lire est conçu à l’heure actuelle comme un acte de recherche de sens dans lequel le lecteur fait interagir des stratégies de différents niveaux. Chauveau et Rogovas-Chauveau (1990, p. 24) écrivent : « L’acte de lire serait le produit de processus primaires (mise en correspondance entre graphèmes et phonèmes, déchiffrage partiel d’un mot, reconnaissance immédiate de mots ou de syllabes) et de processus supérieurs (intelligence de la langue, prédictions syntaxico-sémantiques, recours au contexte précédant et suivant les éléments à identifier). Il se situerait au croisement de mécanismes ascendants et descendants. » Différents profils de lecteurs en difficulté ont été dégagés à partir de l’analyse des connaissances et stratégies qu’utilisent effectivement des élèves pour reconnaître les mots d’un texte. Trois stratégies semblent essentielles : la reconnaissance visuelle immédiate, la segmentation des mots et les correspondances graphophonologiques, l’utilisation du contexte. Ces stratégies s’appuient sur diverses connaissances de la langue. L’élève en difficulté a tendance à surutiliser une stratégie au détriment des autres. Selon la stratégie préférentielle, l’élève peut être qualifié de surdécodeur, de surdevineur, de chercheur de mots. Ou, encore, il peut changer de stratégies en cours de lecture sans les faire interagir. Se démarquant des grands courants classiques en rééducation de la lecture, le modèle d’enseignement défendu ici est basé sur une conception cognitive de l’acte de lire et préconise l’alternance entre séances de structuration visant l’accroissement des connaissances sur la langue et situations signifiantes de lecture à l’intérieur desquelles l’apprenti lecteur apprend à utiliser fonctionnellement ses connaissances et à développer un vrai comportement de lecteur. L’enseignement des connaissances et des stratégies de lecture s’accompagne d’une sensibilisation de l’élève aux procédures mentales que celui-ci doit déployer pour apprendre. Cette prise de conscience par l’élève de son fonctionnement mental paraît essentielle pour l’amener à gérer de façon autonome les stratégies indispensables à la découverte des mots et du sens d’un texte.
La démarche pédagogique décrite s’adapte au profil du lecteur. Les interventions
vont varier selon ce dernier. Les stratégies peu ou non utilisées s’introduisent
sans bannir la stratégie surutilisée, mais dans une nécessaire complémentarité.
Reference12 articles.
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3. CHAUVEAU, G. et ROGOVAS-CHAUVEAU, E. (1990). Les processus interactifs dans le savoir-lire de base. Revue française de pédagogie, 90 (1), 23-30.
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