Affiliation:
1. Faculté de philosophie, Université Laval, Québec, Canada
Abstract
L’intersexuation est un terme parapluie qui désigne les variations des
caractéristiques sexuelles. Bien que 1,7 % à 4 % de la population soit né en dehors du cadre
de la binarité sexuelle, les corps des personnes intersexuées sont pathologisés et
nécessitent, selon les médecins spécialistes, une « réparation ». Cette stigmatisation
institutionnelle se concrétise par le recours à des interventions chirurgicales
d’assignation de sexe ou par des traitements hormonaux, justifiés par des prémisses
socioculturelles se basant sur des normes hétérosexistes. Les discours médicaux s’appuient
moins sur des dangers sanitaires, physiques et psychologiques de la patientèle intersexuée
qu’à la sauvegarde d’une bicatégorisation sexuée. Alors que les individus présentant des
variations intersexes revendiquent leur droit à l’autodétermination, notamment par le
respect de leur consentement libre et éclairé. Les chirurgies d’assignation de sexe,
motivées et orientées par la binarité de sexe, construite historiquement, conduisent à deux
types d’injustice épistémique. Une analyse philosophique conceptuelle de l’injustice
testimoniale et de l’injustice herméneutique permettra de comprendre le processus
d’invisibilisation de l’intersexuation par le biais de la relation épistémique entre les
personnes intersexuées et les médecins.