Abstract
Dans cet article, nous proposons d’étudier la construction du discours médiatique de Florian Philippot, ancien vice-président du FN. Lors de la pandémie de Covid-19, Philippot réapparaît sur la scène politique en figure de proue de l’« anti-système » et de la contestation anti-pass sanitaire, en relayant nombre de publications flirtant avec les théories du complot. Il multiplie les appels à la résistance, à la libération face à la tyrannie et à la dictature, ou encore parle d’ « apartheid » sanitaire. Ces excès langagiers, usant d’une terminologie belliqueuse, pourraient favoriser des passages à l’acte violents chez les co-énonciateurs dont les colères sont captées et exacerbées par un discours populiste de victimisation, de satanisation et de construction de la figure du sauveur providentiel. Les actes illocutoires et valeurs illocutoires de l’énonciation – d’autant plus en période de crise et relayés en masse sur les réseaux sociaux – peuvent en effet avoir des effets perlocutoires dangereux et concrets dans la vie réelle, tout en disculpant légalement les locuteurs-catalyseurs de ces outrances langagières publiques parfois dissimulées (analogies, double-sens, etc). Nous nous efforcerons de dévoiler certaines stratégies discursives du politicien (figures de rhétorique, positionnement discursif), dans une approche « pragmatique de la perlocution » (Oswald, 2020), à travers l’analyse d’un corpus de vidéos publiées par Philippot en 2021, lors de la crise sanitaire. Enfin, nous verrons dans quelle mesure ce discours de radicalité et de radicalisation de l’auditoire relève du discours de haine.