Abstract
Les mouvements migratoires sont-ils favorables à la conservation de l’agrobiodiversité ? Cette étude apporte des éléments de réponse à travers une analyse des incidences des migrations sur l’agrobiodiversité de l’igname au Nord-Bénin. Un échantillon de 120 personnes (autochtones, migrants et non-migrants) a été constitué de façon raisonnée et par boule de neige. Les données sur les raisons des migrations, les variétés d’igname cultivées et les modes d’accès, les savoirs et savoir-faire de gestion de la biodiversité de l’igname et leur origine ont été collectées lors des entretiens individuels et des focus groups. L’analyse de discours, les tests de concordance de Kendall et t de Student ont été effectués sur les données collectées. L’insuffisance de terres cultivables et la baisse de la fertilité des terres sont les principales raisons des migrations rurales. Les migrants ont introduit 20 variétés d’igname et des pratiques associées dans la zone d’accueil, et 17 dans leur zone de départ lors de diverses visites après une quinzaine d’années de mouvements migratoires. Les adoptants de ces nouvelles variétés n’abandonnant pas les anciennes, leur portefeuille variétal est plus diversifié que celui des non-adoptants. Les migrations rurales contribuent à l’enrichissement de l’agrobiodiversité de l’igname. Elles apparaissent comme des canaux potentiels de diffusion de nouvelles variétés et de technologies pour les organismes de vulgarisation agricole. Une approche diachronique permettrait d’approfondir l’analyse des menaces de perte de l’agrobiodiversité à long terme en milieu paysan.
Funder
Cet article a été écrit au cours d'un séjour scientifique à l'Université Catholique de Louvain, financé par Académie de Recherche et de l'Enseignement Supérieur (ARES) du Gouvernement Belge
Subject
Management, Monitoring, Policy and Law,Agronomy and Crop Science,Animal Science and Zoology