Abstract
Cette communication se donne pour objectif de montrer comment la hiérarchie épistémique manifeste en audition pour l’asile se voit négociée, voire renversée par les demandeurs d’asile, avocats, et agents décisionnaires. Envisager la demande d’asile à l’aune du concept de rite d’institution (Bourdieu, 1982) permet de définir et de situer ces relations de pouvoir à l’oeuvre. À partir de plusieurs documents (des comptes-rendus d’entretien à l’OFPRA et la transcription d’une plaidoirie) et à travers une approche ethnographique, je me propose d’analyser les types de connaissances légitimes ou non en audience pour l’asile. Mon étude révèle que la connaissance précise du droit, les critères de recevabilité du récit de vie requis par la procédure, le pays d’origine du demandeur ainsi que les habitus professionnels partagés importent particulièrement dans la détermination du statut de réfugié. De plus, en tant que maillon de cette chaine sociolinguistique des savoirs, l’avocat joue un rôle important dans le changement du statut de l’information, convertissant des données épistémiques en données argumentatives.
Reference13 articles.
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