Author:
Mostrov Vassil,Tayalati Fayssal
Abstract
Le présent article se propose d’étudier les contraintes lexicales qui pèsent sur le constituant dénotant le tout et celui dénotant la partie dans les deux constructions inaliénables illustrées respectivement par (i) un homme aux épaules larges et (ii) un homme large d’épaules. La méthodologie adoptée se base sur l’analyse de données quantifiées issues du sous-corpus « contemporain » de la base Frantext. Les deux constituants des occurrences de chaque structure ont été annotés manuellement moyennant des étiquettes renvoyant à des classes nominales sémantico-référentielles établies dans la littérature : nom d’humain, nom concret/abstrait, nom de partie essentielle, nom d’action, nom de dimension, etc. Les deux constructions sont ensuite comparées au niveau des proportions des différentes catégories sémantiques identifiées pour les deux constituants (« tout » et « partie »), et les résultats sont discutés afin d’expliquer d’une part les points communs, et de l’autre les divergences dues à la sémantique propre à chaque structure. Parmi les résultats les plus saillants, nous avons constaté que la structure sous (i) se caractérise par une proportion égale entre touts humains et non humains, alors que celle sous (ii) privilégie les touts humains ; quant au constituant dénotant la partie, les parties du corps et les méronymes sont plus fréquents dans (i), tandis que (ii) montre une préférence pour les parties essentielles abstraites (petit de taille, alerte d’esprit), ce qui s’explique par la prédication inversée caractérisant cette deuxième structure. Enfin, nos résultats montrent que la structure sous (i) est moins contrainte au niveau du choix de la partie, qui peut être « accidentelle », alors que les noms de parties mobilisées dans (ii) sont plus strictement inaliénables.