Abstract
Les travaux antérieurs attribuent la contrainte d’obviation, qui interdit la coréférence entre le sujet de la subordonnée au subjonctif et le sujet principal, à la responsabilité, à l’expérience directe ou à l’anticipation certaine de la situation subordonnée, et soutiennent qu’elle se relâche lorsque ces conditions ne sont pas satisfaites. Cette étude démontre d’une part que ces conditions sont décisives pour permettre la portée étroite des pronoms indéfinis par rapport à la négation locale, laquelle reflète, selon Szabolcsi (2010), l’exemption implicite d’obviation. L’hypothèse de Szabolcsi est par ailleurs étayée par le fait qu’un pronom indéfini n’est pas autorisé si la présence d’un minimalisateur, comme « (ne pas dire) un mot », exige que la négation soit interprétée localement. D’autre part, il est démontré que les trois conditions préconisées par les analyses précédentes ne sont pas suffisantes pour rendre compte de l’exemption explicite d’obviation, attestée dans les propositions circonstancielles introduite par « pour que » en français contemporain. Enfin il est suggéré que la présupposition du réalisme et la factivité contribuent, combinées avec les autres facteurs, à augmenter l’acceptabilité de l’exemption d’obviation, tout en soulignant que ces deux facteurs ne sont ni nécessaires ni suffisants en soi pour expliquer ce phénomène complexe.