Abstract
De nombreuses pratiques asiatiques se sont développées sur une expertise reposant sur l’articulation de deux principes qui semblent a priori contradictoires lorsqu’ils sont observés du point de vue de l’occident : la culture de soi (修養, xiuyang) et l’abandon du soi dans le laisser agir (無為, wuwei). Les arts martiaux chinois en fournissent une illustration éclairante : à force de répétitions, l’athlète gagne en compétence et peut progressivement expurger les modalités réflexives de conscience de l’exécution des techniques, au profit de modalités « corporelles ». Dans leur cas précis, cette conscience corporelle s’enracine dans la sensibilité haptique. Les techniques émancipées du contrôle de la conscience, une forme d’inconscient moteur est invitée à prendre les rênes de l’action : l’expérience sédimentée qui agit selon le naturel de sa propre spontanéité (自然, ziran). Et le soi, détaché de la conscience et coextensif à cette habileté acquise (son gongfu, 功夫), est redéfini en un sens qui le fait communier avec le fonctionnement des choses, le dao (道). Si l’occident n’en a pas formulé les principes dans les mêmes termes, il n’ignore plus, grâce aux sciences modernes, les limites de l’apport de la conscience dans l’apprentissage des techniques du corps.
Subject
Orthopedics and Sports Medicine,Physiology (medical),Physical Therapy, Sports Therapy and Rehabilitation,Physiology
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Cited by
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1. Un transhumanisme « à mains nues »;Revue d'anthropologie des connaissances;2019