Abstract
Alors que la littérature fait peu de cas des délires de grossesse, ceux-ci frappent par leur fréquence dans la pratique quotidienne de secteur. Symptôme principal de certains tableaux psychotiques, ils touchent des femmes schizophrènes exemptes de toute pratique sexuelle et qui, par leur conviction délirante inébranlable, désarçonnent les équipes soignantes. A partir de deux exemples cliniques, nous nous proposons de mieux décrire toute leur richesse séméiologique et surtout, de les inscrire au sein de trajectoires individuelles. Cette démarche dynamique permet de repérer dans ces histoires singulières, des traumatismes très précoces et d’avancer quelques hypothèses psychopathologiques. A priori irrationnelle, la construction délirante apparaît alors comme une tentative de lutter contre l’angoisse, d’accéder à une forme de féminité et, petit à petit, de renaître. Et ce n’est qu’en appréhendant les processus inconscients ici en jeu que les soignants pourront pleinement accueillir et accompagner ces femmes éternellement enceintes vers une position de sujet.