Abstract
À partir de l’œuvre de l’écrivain, William Styron, nous évoquons le traumatisme représenté par la perte d’un parent à l’adolescence et les différentes stratégies adoptées pour y faire face. Dans le récit autobiographique « Face aux ténèbres. Chronique d’une folie », écrit à l’âge de 65 ans, Styron rend compte de la dépression mélancolique qu’il vient de traverser. Cette chronique se termine par l’évocation de la mort de sa mère quand il avait treize ans, souvenir soudainement retrouvé après avoir écouté une mélodie de Brahms, qu’elle avait autrefois chanté. Styron introduit alors l’hypothèse d’un deuil gelé à la suite de cette perte, puis il évoque le désir de guérir qui accompagne cette reviviscence. Dans trois nouvelles publiées par la suite, « Un matin de Virginie – Trois histoires de jeunesse », Styron poursuit ce travail de mémoire et suit le fil associatif de ses souvenirs, reflétant ses expériences à l’âge de vingt, dix et treize ans. L’auteur donne des clés pour comprendre ce qui avait pu être source de souffrance, les défenses pour y échapper, les solutions successivement trouvées pour affronter – ou non – ce traumatisme : l’engagement dans l’armée, l’écriture, le recours à l’alcool. Ces nouvelles témoignent de la reprise tardive du travail de deuil suspendu à l’adolescence.
Reference17 articles.
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