Abstract
Durant les années 1960, Cuba alimente les illusions de nombreux militants de la « gauche révolutionnaire » française qui avaient pris leur distance avec le marxisme soviétique et étaient en quête d’un projet révolutionnaire radical et tiers-mondiste. Les membres du Comité de liaison scientifique et universitaire franco-cubain (CFC) fondé à la suite du Congrès culturel de La Havane (1968) incarnent cette sensibilité politique et la création de cette association témoigne de la bonne entente entre la « Nouvelle Gauche » et le castrisme. Le CFC milite en faveur de la collaboration entre intellectuels français et cubains, ce qui s’exprime notamment par l’organisation d’écoles d’été. Mais la détention d’Heberto Padilla en 1971 annonce la soviétisation croissante de Cuba au grand dam de nombreux adhérents du CFC qui craignent une dérive stalinienne de la Révolution cubaine. Les archives inédites du CFC permettent d’étudier les débats suscités par le cas Padilla, épisode qui brise l’unité de l’organisation et ébranle la solidarité vis-à-vis du projet castriste.