Abstract
À la fin du xve siècle, alors que le déperchement de l’habitat s’amorce pour de nombreux villages et à la faveur d’une reprise économique après la « grande dépression médiévale », le réseau viaire se redessine et investit les fonds de vallée. Au débouché des ponts qui permettaient de franchir les cours d’eau parfois capricieux de ces vallées encaissées du sud-ouest des Alpes viennent s’implanter de petits lieux de culte. La polarisation par les ponts de chapelles, mais aussi la « sacralisation » de certains ponts, notamment par le remplacement du toponyme d’origine au profit de l’hagiotoponyme (toponyme évoquant un saint, un édifice religieux ou encore une relique) du lieu de culte révèlent l’irruption du sacré dans le réseau hydrographique et viaire, afin de conjurer le danger des fleuves et rivières : les saints avaient en effet la charge de protéger celles et ceux qui franchissaient le cours d’eau, à l’instar du pont, mais aussi de protéger le pont lui-même.