Abstract
Dans cet article, nous analysons les conséquences de la coprésence d’acteurs variés (populations locales, acteurs de la conservation, touristes) au sein du parc du Grand Limpopo en termes d’utilisation de l’espace et des ressources, en l’occurrence la faune sauvage. L’article porte plus précisément sur les liens de coopération et les relations transfrontalières entre le parc national Kruger en Afrique du Sud et le parc national du Limpopo au Mozambique, deux parcs nationaux contigus qui font l’objet d’un processus de conservation transfrontalière (parc du Grand Limpopo) à partir de 2002. L’objectif de l’article est de mettre en perspective différents processus de marchandisation de la faune sauvage (tourisme de vision, mode de production conservationniste, braconnage), et d’analyser dans quelle mesure ces processus sont, à la fois, un révélateur et un amplificateur des tensions et des conflits qui existent entre les catégories d’acteurs de part et d’autre de la frontière entre l’Afrique du Sud et le Mozambique. Après avoir exposé des éléments d’analyse sur les forts contrastes qui existent entre les deux parcs nationaux en termes de développement et de densité faunistique ; nous proposons une typologie des catégories d’acteurs en présence pensées en fonction de différents rapports à la faune sauvage. Enfin, l’article analyse les tensions et les conflits qui résultent de la diversité des logiques et des pratiques spatiales questionnant la pérennité du processus de conservation transfrontalière en cours. Cette recherche propose une analyse conjointe des dynamiques liées aux frontières et aux politiques de conservation en s’appuyant notamment sur des données empiriques. Nous nous basons sur des données issues d’enquêtes sur le terrain en Afrique du Sud et au Mozambique, auprès de touristes dans le parc national Kruger (n = 135), de communautés locales dans le parc national Limpopo (n = 87), et de personnes liées à la gestion des parcs ou au secteur de la conservation (n = 15).