Abstract
Cet article met en lumière une activité centrale du travail des gardes forestiers français : le martelage. En forêt publique, ces agents à l’interface entre l’État et les opérateurs privés mettent en œuvre la gestion forestière intensifiée qui découle du cadre d’action publique climatique à travers cette activité qui consiste à désigner les arbres à couper ou à conserver. Ils doivent composer avec les incertitudes induites par les changements climatiques dans les forêts qui dépérissent, et avec un contexte de suppression de postes et de réorganisations successives des collectifs de travail. Jusque-là réalisé au marteau, le martelage est depuis une vingtaine d’années de plus en plus réalisé à la peinture et outillé par des appareils numériques de recueil de données. À travers le cas étudié, je propose dans cet article de développer une sociologie du travail écologique pour montrer comment la mise en œuvre de l’action publique forestière s’incarne dans un travail d’exploitation guidé par l’expertise ancrée d’agents de terrain et par la force performative des objets qu’ils manipulent. Leurs gestes matérialisent tant l’emprise de l’État sur le territoire forestier que la valorisation économique de ce dernier.