Abstract
À partir de la fin des années 1960, les débats autour du postmodernisme et de la fin des avant-gardes ont donné une actualité nouvelle à l’idée d’autonomie de l’art, qui a fait l’objet de discussions nourries et parfois confuses. Le présent article s’efforce de distinguer plusieurs phénomènes souvent amalgamés dans ces querelles : les avant-gardes, les esthétiques puristes et le processus d’autonomisation sociale de l’art, s’ils sont historiquement et logiquement liés, ne doivent pas être assimilés. Ce cadrage conceptuel ouvre vers une analyse renouvelée de la fin des avant-gardes, nourrie des résultats d’une enquête empirique récente. Selon l’hypothèse proposée, l’épuisement de la dynamique avant-gardiste tient à l’affaiblissement de l’opposition autrefois structurante, au sein du champ de l’art moderne, entre un pôle autonome, matrice des avant-gardes, et un pôle hétéronome, bastion d’un art de convention, à la suite de la conversion des appuis institutionnels du second aux valeurs du premier.