Abstract
L’orpaillage est une pratique séculaire dans l’espace ouest-africain. Ses dynamiques actuelles dans les confins sud-ouest du Mali se traduisent par une multiplication des sites d’extraction et une forte mobilité intra et transnationale d’orpailleurs en quête de profit. Cet article établit une relation d’interdépendance entre le déplacement des orpailleurs et les logiques et enjeux de circulation/transmission d’objets et savoir-faire liés à l’orpaillage. Il s’appuie sur une approche ethnographique multisituée combinée avec un terrain longitudinal de plusieurs séjours dans les cercles de Kadiolo et Kangaba. Deux modalités de circulation – horizontale et verticale – sont identifiées et analysées. La circulation horizontale est celle d’outils et de techniques de production du minerai, de normes régissant le travail, et la gestion des sites ainsi que de l’or, qui s’effectue par le biais du déplacement des orpailleurs. La circulation verticale concerne les savoirs patrimonialisés liés aux identités de groupe. Elle suit des règles et des choix de transmission selon des enjeux économiques ou des logiques sociales. Enfin nous montrons que les savoir-faire extractifs sont des atouts pour l’accès aux ressources et au pouvoir sur les sites.