Abstract
Cet article présente les résultats de plusieurs enquêtes de terrain, conduites au Togo (2016 et 2021) et au Ghana (2022), portant sur l’usage et la circulation des produits vaginaux chez les jeunes femmes. Ces substances (ovules, gels, liquides et poudres) sont considérées comme des médicaments, des cosmétiques, des objets marchands et des « potions d’amour » pouvant exercer un contrôle « spirituel » sur la vie du conjoint. S’il existe des remèdes « néo-traditionnels », fabriqués par des tradithérapeutes, on retrouve également des substances « secrètes » vendues par des femmes appartenant à certains groupes ethnolinguistiques (kotokoli et haussa) et religieux (musulmans). Une partie importante de ces dernières est aujourd’hui importée d’Asie (notamment de la Chine et de l’Inde). Cet article propose une description et une classification des produits. L’analyse de ces objets fournira un éclairage sur les changements sociaux dans les rapports de genre et dans les pratiques sexuelles traversant les sociétés urbaines ouest-africaines. Nous montrerons également que la circulation transnationale et mondialisée de ces produits contribue à façonner les identités ethniques et religieuses locales ainsi que les imaginaires de la modernité.