Abstract
L’Évangile du nouveau monde (2021) de l’autrice guadeloupéenne Maryse Condé s’inscrit dans la tradition des réécritures de la vie du Christ, répandue également dans la littérature francophone antillaise du XXe et XXIe siècle. Celle-ci suit le patron du « récit du sauveur » tout en mettant l’idée du voyage, des pérégrinations et du retour dans son centre. Ainsi, le protagoniste-messie malgré lui de Condé, Pascal, naît aux Antilles, s’en absente à plusieurs reprises dans sa quête personnelle et salvatrice afin de mourir à l’âge du Christ et, puis, resusciter. En effet, L’Évangile donne de la visibilité à deux points focaux des littératures (afro)antillaises: ceux du voyage et de l’espace social postcolonial. Dans le présent article, je me propose d’étudier la double importance du voyage et de la mission salvatrice du protagoniste. Pour ce faire, je me concentre sur les voyages de Pascal sous l’angle des espaces relationnels transaméricains et sud-sud que ceux-ci établissent ainsi que sur le potentiel spatio-poïétique de cette quête messianique. En effet, l’analyse s’appuie sur l’idée de la colonialité, celle de la fonction structurante de la topologie des textes narratifs et de l’espace phénoménologique en considérant l’abondance de références intertextuelles qui peuvent pousser notre entendement du texte jusqu’à celui d’un conte philosophique moderne.