Abstract
Cet article propose une lecture de La Celestina et, plus précisément, du personnage de Melibea à la lumière d'une série de catégories qui nourrissent les systèmes de pensée les plus actuels : la pensée féministe contemporaine, les philosophies contemporaines (en particulier les philosophies du désir), et les débats juridiques parfois très récents autour des questions du discernement et du consentement. Cette appréhension du texte célestinesque à travers ce prisme-là nous conduira à analyser (et à questionner) les catégories d'objet et de sujet, le « devenir sujet », ainsi que les notions de volonté, d'agentivité, de libre arbitre et de consentement. Une telle lecture nous amènera à remettre en cause certaines lectures qui voient dans la pièce de Rojas une œuvre pré-féministe, un hymne à la liberté ou la mise en scène d'une « libération » féminine progressive, dans laquelle Melibea passe de la catégorie d'objet à celle de sujet.