Abstract
Si l’exil d’après-guerre est une épreuve qui brise les liens au passé et aux ascendants, c’en est aussi une pour les descendants qui subissent les effets aliénants du silence de l’exilé sur l’émergence de la symbolisation. L’absence devient la demeure de l’exilé, et le silence son langage, participant à effacer l’origine et l’historicité familiales. Qu’en est-il alors pour les enfants d’exilés, orphelins du passé ? À travers deux cas de descendantes de l’histoire de l’exil d’après-guerre d’Algérie (1954-1962), nous chercherons à observer comment a lieu la confrontation de l’enfant au non-sens du silence chez le parent exilé d’Algérie et quels sont ses effets pathologiques sur la maturation psychique de ses enfants, nés en France. Les auteurs observent que, pour colmater le trou symbolique, vient s’y substituer une pensée délirante. Celle-ci laisse place à un fantasme d’autoengendrement sur les ruines de l’Histoire.
Subject
Clinical Psychology,Social Psychology