Abstract
La notion d’instinct, dans son sens zoologique moderne, émerge au milieu du xviie siècle. Plusieurs positions révèlent une variété d’options épistémologiques : alors que Montaigne comme Descartes, pour des raisons inverses, tendent à évacuer cette notion, Pierre Chanet lui accorde une extension maximale dans un cadre mécaniste et finaliste. Engagé dans une vive polémique contre ce dernier, Cureau de la Chambre la redéfinit comme connaissance innée et spécialisée, compatible avec la thèse d’une rationalité animale. Ses arguments pouvaient faire le jeu d’une position plus radicale, celle des libertins érudits, qui hésitent à assimiler totalement la raison et l’instinct, ou bien à inverser leur hiérarchie traditionnelle.