Abstract
Le contexte géographique et politique au sein duquel la guerre de Trente Ans naquit et se développa fut large et diversifié. Sans aucun doute, l’Europe centro-septentrionale fut le théâtre principal des affrontements, mais certains des moments saillants du conflit (notamment dans sa phase franco-habsbourgeoise) eurent lieu dans le nord de la péninsule italienne. Pour différentes raisons diplomatiques, les Médicis y furent largement impliqués et le grand‑duc Ferdinando II arriva même à envisager – quoique vainement – la création d’une nouvelle entité supra-étatique qui aurait dû présider au maintien de la paix en Italie et en Europe. En mettant en résonance une riche documentation d’archives et une large bibliographie, l’article suit et analyse ces développements du point de vue toscan : il se concentre en effet sur la série de conflits qui, entre 1613 et 1649, contribuèrent au succès militaire et diplomatique de la France de Richelieu et de Mazarin tout en déterminant un changement dans la politique internationale des grands‑ducs Médicis, qui passèrent de protagonistes diplomatiques à médiateurs des négociations. Ainsi, n’ayant jamais été véritablement appréhendées dans leur dimension diplomatique complexe et globale, les guerres de succession de Montferrat et de Mantoue (1613-1617, 1627-1631), la guerre de la Valteline (1618-1639) et la guerre de Castro (1641-1649) s’avèrent être des cas particulièrement utiles pour reconstruire et évaluer l’implication diplomatique des Grands‑ducs de Toscane pendant la guerre de Trente Ans. De surcroît, elles offrent un cadre intéressant pour aborder certaines connexions entre ces dynamiques diplomatiques et l’univers politique, philosophique et scientifique de l’époque.