Abstract
Si la pertinence et la nécessité d’enseigner l’éthique médicale sont reconnues tant sur le plan sociétal qu’à l’université, sa mise en œuvre et son interprétation varient et il existe même une confusion concernant les terminologies et les concepts utilisés. Tous s’entendent pour affirmer que l’éthique médicale doit éviter tout moralisme et favoriser la réflexion et la délibération. Il est cependant important de définir les compétences « relationnelles » attendues chez les médecins et leur rapport avec l’éthique. Dans ce sens les émotions et les sentiments peuvent être considérés comme des ressources nécessaires pour développer la sensibilité éthique des étudiants et on peut penser ici tout particulièrement à la compassion. Cette place donnée à l’affect en éthique telle que Ricœur l’a souligné, comme la question de la finalité en philosophie morale, permet de convoquer le paradigme de l’éthique des vertus comme cadre suffisamment adéquat en vue de définir des objectifs pédagogiques dans ce domaine. La vertu est ici définie comme un habitus opératif acquis par répétition d’actes de qualité. Les vertus de justice, de prudence, de patience comme celle du courage sont nécessaires à l’exercice de la médecine dans une acception qui ne s’arrête pas au traitement de la pathologie et à la réduction du malade à l’organe. Sous un certain rapport, l’éthique des vertus rejoint l’approche par compétences, où la compétence est définie comme une capacité d’agir adéquatement en situation, l’éthique étant ici le critère de cette adéquation. Si les dispositifs pédagogiques pour enseigner l’éthique sont variés et somme toute complémentaires, dans la perspective d’un enseignement à « être éthique en situation » la simulation en santé apparaît comme un moyen pour les étudiants d’investiguer tout à la fois leurs émotions et leurs sentiments, de développer un esprit critique sur des situations complexes et de faire l’apprentissage d’un travail de pensée collective. Le débriefing joue ici un rôle essentiel, encourageant la réflexivité et une recherche de consensus au-delà des divergences cognitives. La posture de l’enseignant dans ce cadre d’apprentissage très interactif est également cruciale, en mettant l’accent sur l’égalité et l’émancipation.
Reference31 articles.
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Consulté le 22 janvier 2020, à l’adresse :
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